Right now, I’m taking a terrific advanced French class with the city of Paris. As part of a unit on OuLiPo, the experimental literary group of writers and mathematicians, I was asked to give a little ‘exposé’ on the writer Georges Perec. I think this is the first long article I’ve ever written in French—it was hard, but a lot of fun. For my English readers (almost everyone) I will post an English translation soon. Pour mes lecteurs (et lectrices!) français, je suis sûr qu’il y a beaucoup d’erreurs. Comme je dis plus tard, j’espère que vous me pardonnerez :)
Première chose : La semaine dernière, je suis allé Chez Gibert—comme un vrai parisien, certes—pour aller chercher un livre de Georges Perec. C'est comme ça que notre petite épopée va commencer. Au deuxième étage, dans la section consacrée à la littérature française, rangé entre Je me souviens et La vie mode d'emploi, je suis tombé sur un petit volume qui était intitulé Les Mots croisés. Forcément, j'avais l'impression que ce volume-là était une sorte de jeu de mot. Étant donné que Georges Perec soit l'auteur de La disparition, un roman entièrement sans la lettre 'e', j'imaginais des mots littéralement croisé, frappé, les uns contre les autres, presque comme des boules de flipper, un jeu qui était très courant à l’époque. En tout cas, ce n’est pas vrai. Les Mots croisés sont juste simplement . . . les mots croisés que Perec a fait pour l’hebdomadaire Le Point pendant des années.
Deuxième chose : Pour ceux qui veulent compter, il y a quatre 'e' dans le titre de cet exposé, et des douzaines dans le premier passage. (J'ai la flemme de vérifier le chiffre exact, j'espère que vous me pardonnerez.) De toute façon, au risque de me répéter, je ne comprends pas du tout comment on fait ça à travers trois lignes, encore moins sur trois cents pages.
Troisième chose : En 1936, Perec est née à Belleville, le fils des ouvriers juifs polonais. Au début de la Seconde Guerre mondiale, son père, Idek Judko Perec, qui s'est battu pour la Légion étrangère française, est tué en combat en juin 1940, pendant l'invasion allemande. Sa mère, Cyrla Sulewicz, est restée à Paris jusqu'en '43, quand elle a été arrêtée par des autorités françaises et déportée à Auschwitz, où elle est décédée. Pendant la guerre, le jeune garçon était évacué par la croix rouge, et éventuellement il était même baptisé pour déguiser ses origines juives.
Quatrième chose : Dans sa mémoire W ou le souvenir de l'enfance, Perec a écrit, "Je n'ai pas de souvenir d'enfance."
Cinquième chose : Après la fin de la guerre, Perec grandit dans une famille de petits bourgeois, les Bienenfelds. Il a fait ses études à un internat provincial, au collège Geoffroy-Saint-Hilaire, et puis il a effectué son service militaire. Très doué en tant qu'élève, avec des examens bien aboutis, il n’est cependant pas très fasciné par le monde de l'académie, ni la vie d’un professeur.
Sixième chose : Qui est-il, ce fameux Saint Hilaire ? J'étais curieux. Selon le site de l'église catholique en France, << Saint Hilaire de Poitiers fut évêque et docteur de l’Eglise. Né dans une famille païenne d’Aquitaine noble et riche, ce jeune homme était doué pour les études, mais la question du sens de la vie le tourmentait. Où se trouve le bonheur pour l’homme ? A quoi sert d’exister si l’on doit mourir ? Y a-t-il un dieu ?>> À mon avis, c'est bien possible de voir un rapport entre le jeune Perec et la sant pour laquelle l'école est nommée.

Septième chose : Bien sûr que, comme les personnages principaux des Choses, Jérôme et Sylvie, le vrai Perec a habité dans un appartement de 35 mètres carrés, avec sa femme Pauline Pétras, qu'il a épousée en 1960. Tout après le mariage, Pauline étant nommée enseignante dans une école étrangère, ils ont passé un an à Sfax en Tunisie.
Huitième chose : Voilà un extrait d’un entretien que Georges Perec a fait avec le présentateur Pierre Desgraupes, qui a vraiment le nom d'un présentateur dans un roman de Perec. "Nous sommes dans une société de consommation, nous consommons beaucoup, et il y a de plus en plus d'appels, et nous sommes très motivés, enfin. J'ai fait mes études de motivation, j'ai fait un peu de sociologie, j'étais sur le terrain, j'ai interviewé en demandant, qu'est-ce qu'ils ont pensé de la vie, qu'est-ce qu'ils ont pensé de leurs matelas, de leurs chaussures, de leurs machines à la nuit."
Neuvième chose : Dans La vie mode d'emploi, son grand roman de 1978, le personnage principal est un millionnaire excentrique qui s'appelle Bartlebooth, un hommage à Bartleby, le célèbre 'scrivener' de Melville qui << préférais ne pas.>> Cependant, on peut dire que Bartlebooth <<veux bien.>> Pendant dix ans, Bartlebooth va étudier l'art de l’aquarelle ; pendant vingt ans, il va voyager au bout de monde, où il va faire 500 aquarelles des paysages marins, toutes dans un format identique; après elles ont terminé, il va coller chacun d'eux sur une planche en bois et les transforme dans un 'jigsaw' puzzle; finalement, il va assembler chaque puzzle lui-même, jusqu'à la fin de ses jours. C'est un projet tout à la fois arbitraire et assidu, plutôt comme des livres de Perec, et peut-être, la vie elle-même.
Dixième chose : Chez Perec, les puzzles sont une vraie obsession. <<Je ne pense pas, mais je cherche mes mots>>, dit-il. Quand j'ai lu cette citation, j'ai pensé à l'opération de DeepSeek, le modèle IA chinois qui a bouleversé le secteur récemment. En gros, le modèle n'<<écrit>> pas. Dans une phrase donnée, il fait plutôt des prédictions sur les mots qui manquent toujours. Comme vous l'avez probablement déjà deviné, c'est bel et bien comme un géant mot croisé.
Dernière chose : L'appartement de Bartlebooth est même plus détaillé que celui de Jérôme et Sylvie. L'espace entier est divisé par l'auteur dans une grille, 10 par 10. Chaque carré au sein de la grille représente un endroit fixe : un escalier, une chambre, ou un couloir. Sauf le centième carré, qui est vide. Quand j'ai lu un article sur l'intelligence qui a <<généré>> La vie mode d'emploi, je pensais que ce serait bien possible que le centième carré contient son souvenir d'enfance, le souvenir qui Perec manquait toujours. Et avec ça, notre épopée termine. Merci beaucoup.
Maintenant que c'est fini, je dois créditer l'écrivain Geoffrey O'Brien, qui a fait une excellente critique sur une biographie de Perec dans The New York Review of Books. Dans un tour Oulipienne, il faut admettre que j'ai utilisé de temps en temps des citations quasi-direct de l'anglais.
On pourrait peut-être ajouter que "la disparition"est liée à celle de ses parents, morts dans un camp de concentration. Sans" e", et donc sans eux.
C'était merveilleux ! Merci pour cet exposé poétique et bravo !